De la correspondance


Récemment une amie très chère m’écrivait «Nous sommes les deux derniers idiots à nous envoyer des lettres »

Bigre…

L’époque est pourtant à la communication, textes courts et humeurs volatiles, souvent accompagnés de photos, échangés rapidement, dans l’instant, accroché d’une main à la barre de l’autobus, de l’autre au smartphone. Cependant on ne s’écrit plus. Enfin plus vraiment.

Pourtant extraire une lettre manuscrite de sa boite aux lettres en rentrant chez soi en fin de journée demeure un plaisir inégalé.

Saisir l’enveloppe entre ses doigts, reconnaître l’écriture de l’expéditeur, confirmée par la mention de ses nom, prénom et adresse inscrits au dos, la déposer bien en vue. Un tel courrier ne se lit pas à l’arrachée sitôt la porte refermée. Son auteur a pris le temps pour nous écrire, s’est assis à une table, a réfléchi puis laissé courir sa plume sur le papier velin ivoire pour rapporter des nouvelles de la famille, relater une promenade au jardin botanique ou commenter un livre aimé. Ce temps qu’il nous a consacré est un cadeau. Et sans oublier le plaisir de relire, parfois des années plus tard. Installons-nous confortablement dans un fauteuil à oreilles pour décacheter cette lettre à l’aide d’un coupe-papier, la lire plusieurs fois de suite, tranquillement.

Ecrire une lettre manuscrite assure d’une façon quasi certaine de faire plaisir au destinataire, et plaisir à soi également.

En effet, il y a le plaisir de choisir le porte-plume inspirant, l’encre appropriée, de fureter chez le papetier pour dénicher le beau papier et l’enveloppe assortie qui conférera le caractère raffiné de l’envoi.

La longueur du courrier importe peu, on éprouvera tout aussi bien  un réel plaisir à envoyer une carte postale de vacances ou de week-end rédigée avec un simple stylo à bille. Celle-ci trouvera naturellement sa place sur la porte du frigidaire, sera lue, relue, clin d’oeil de l’amitié.

Alors prenons le temps, c’est l ‘été, c’est le bon moment pour nouer des amitiés épistolaires, glisser des grains de sable et des aiguilles de pin maritime dans l’enveloppe. Mieux qu’une photo.

Ecrivons-nous,

Marc VINCENT