La forêt de Gâtines, dont la lisière se détache en sombre au sud de Montrouveau, abritait une population de « boisilleurs », moins contrôlable que celle des paysans ( « charbonnier est maître chez soi »), qui pouvait provoquer davantage d’inquiétude, surtout si quelques brigands étaient attirés par la proximité de l’antique « grand chemin de Paris », reliant Chartres à Tours, qui traversait la Cendrine au « Gué de la Barre ». Dès lors que la superficie de la forêt avait été fortement réduite, l’exploitation pouvait se faire à partir des lisières, et non plus des clairières, et la population des « hommes du bois » devait diminuer ; elle était pourtant amenée à continuer de fournir du bois de chauffage, de construction ou de clôture, des instruments aratoires, des meubles, des récipients (comme pourrait l’attester le toponyme « la Cuverie », de l’écorce destinée aux tanneries voisines, de la cire d’abeille pour l’éclairage et le culte, des glands pour les porcs…
L’aliénation de la forêt entreprise par Henri de Navarre dès 1573 a, sans doute, provoqué une véritable révolution, non seulement parce que les « coupes à blanc » allaient se multiplier et détruire les charmes d’un paysage sylvestre, suscitant ce cri de colère de Ronsard dans son élégie XXIIII, composée en 1573 ou 76, contre les bûcherons de la forêt de Gastines :
« Quiconque aura premier la main embesongnée
« A te couper, forest, d’une dure congnée,
« Qu’il puisse s’enferrer de son propre baston,… »
mais aussi parce que cette « privatisation », qui permettait une exploitation intensive, remettait en cause nombre de droits et d’usages dont bénéficiaient les communautés, tant religieuses que civiles.
Xavier Campion 2020
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