
Parcourir le chemin vers la mer, seul cette fois.
Les visiteurs se sont succédés pendant les mois d’été, famille, amis, pour des séjours plus ou moins longs.
La rentrée est arrivée avec son cortège de bonnes résolutions, de nouveaux défis, l’éternel recommencement. Chacun est reparti vers sa vie quotidienne après l’enchantement de l’été, ces quelques semaines passés chez moi.
Les portes claquaient, le sable rapporté de la plage crissait sous les pieds dans toutes les pièces. Bousculades, cris et cavalcades dans les escaliers se succédaient avant de gagner le chemin vers la mer, la serviette de plage jetée négligemment sur l’épaule.
Je me retrouve seul dans cette maison tant aimée, avec ses étagères croulant sous les livres, choix littéraires des générations qui s’y sont succédées. Il faudrait opérer des tris, des rangements. Mais le plaisir de saisir au hasard un livre de Sagan ou Colette, de s’installer dans un fauteuil pour relire quelques pages, demeure inégalé. Alors on verra plus tard.
L’urgence est à la réparation du volet de la chambre jaune qui cogne contre la façade au moindre coup de vent. « Comment ? Tu ne l’as pas fait réparer ? Tu avais promis… L’an passé déjà, il me tapait sur les nerfs ce maudit volet. »
Ce volet participe à animer l’âme de la maison. J’aime bien son bruyant rappel signalant que le vent de la mer s’est levé. Le maçon l’a refixé plusieurs fois, mais il semble toujours mû par une volonté d’indépendance pour accomplir sa mission d’information météorologique.
La plage est rendue à la solitude. J’étale soigneusement ma fouta, consolide un appui pour mon dos en tassant sac et serviette de bain. J’attrape mon livre, mais avant de l’ouvrir, je contemple et écoute le déferlement des vagues, je sens le vent glisser sur mon visage.
Je regarde la mer. Je ne pense plus aux menus à composer, à la liste des courses à dresser pour le marché du matin, aux chambres à préparer pour les nouveaux arrivants, à la gestion des lessives. Je suis en vacances.
Marc Vincent