Montoire : Le financement des soins non programmés en débat
L’Assemblée générale de l’association Païs s’est réuni à Montoire le 5 décembre. Autour de son Président le Dr Cassien Gauthier, du Dr Isaac Gbadamassi et des membres du bureau avaient pris place entre autres, Monique Gibotteau, vice-présidente du Conseil départemental en charge des solidarités, , Claire Foucher-Maupetit, vice-présidente de la Communauté des Territoires vendômois en charge de la Santé, Christophe Marion, député et Arnaud Tafilet, maire de Montoire ainsi que le Dr.Philippe Lorencki, référent du dispositif Païs à Montoire. A l’ordre du jour le financement du dispositif de la Plate-Forme Alternative d’Innovation en Santé (PAïS).
Quel est l’objectif du dispositif Païs ?
Créée par le Dr Isaac Gbadamassi et Patrick Expert et mise en place dans le Loir-et-Cher à partir de 2008, la plate-forme constitue une alternative innovante au recours aux Urgences pour les soins non programmés. Concrètement, elle est basée sur une entente entre les médecins généralistes qui y adhèrent, l’hôpital et les élus locaux. Le Conseil départemental du Loir-et-Cher et les communautés de communes en assuraient le financement ; pour leur part, les médecins, assurent, à tour de rôle une journée de soins non programmés. Leur secrétariat, spécialement formé, allègent leurs tâches administratives et filtre les appels, ce qui constitue le quadruple avantage d’améliorer les soins, d’en réduire le coût, d’accueillir des stagiaires, de réduire le recours aux urgences.
Païs à Montoire
Il est revenu au Dr.Lorencki de dresser le bilan de la mise en place de la plate-forme Païs à Montoire où elle a prouvé son efficacité. Financée au départ par le Conseil départemental du Loir et Cher et la Communauté des Territoires vendômois, puis par le seul CD 41, six généralistes y adhéraient parmi lesquels de jeunes praticiennes ; les patients ont afflué non seulement de la ville et de ses alentours mais également de Vendôme et de ses environs ainsi que du sud Sarthe. Le départ à la retraite de deux praticiens montoiriens a considérablement augmenté la charge de travail des autres. Il est donc indispensable que l’équipe puisse s’étoffer. Le Dr Lorencki est maïtre de stage et ses collègues plus jeunes vont le devenir progressivement, ce qui devrait permettre de former de jeunes médecins qui pourraient s’installer à Montoire si les conditions de travail leur semblent attractives. Actuellement, grâce à Païs, la plupart des patients sont reçus dans la journée. Le médecin salue l’implication du maire, Arnaud Tafilet, et de la municipalité qui a pris à sa charge le local de l'interne.
Dans un contexte de restrictions budgétaires des collectivités territoriales, celles qui apportaient leur soutien à Païs ont décidé de cesser leur concours, fondant leur décision sur l’extension des SAS (Services d’accès aux soins non programmés). Le Dr Gbadamassi et le Dr Lorencki ont manifesté leur désaccord arguant que le dispositif Païs a largement prouvé son efficacité et son agilité pour un coût de fonctionnement minime . Beaucoup de personnes sont concernées, la population âgée, les enfants, ceux qui n’ont pas de médecin traitant… ont besoin d’une réponse médicale rapide dans les meilleures conditions possibles. Les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui avaient pour objectif initial de mieux structurer et coordonner les professionnels de santé, sont victimes de lourdeurs administratives qui en pénalisent l’efficacité et en augmentent le coût, ainsi que le souligne une étude bien documentée, récemment publiée. Les responsables de Païs s’élèvent contre le choix opéré par les collectivités qui risque, à terme, d’être préjudiciable, à la population.
Claire Foucher Maupetit, au nom de la Communauté des Territoires vendômois, rappelle les contractions budgétaires actuelles. Par ailleurs, la CATV a beaucoup investi dans la Maison médicale de Saint-Amand-Longpré et dans la MSPU de Vendôme. Il faut faire différemment pour diminuer les coûts car les collectivités ne peuvent se substituer à l’Etat. L’élue propose qu’une réunion soit organisée entre les différentes parties concernées présentes à Montoire auxquelles se joindraient la CPTS et la CPAM afin de trouver une solution. Cette idée est également défendue par Christophe Marion.
Le Dr Cassien Gauthier a indiqué que la Communauté du Val de Cher Controis avait voté une subvention de 95 560€ pour que Païs puisse poursuivre ses activités sur son territoire. Le Dr.Isaac Gbadamassi, ancien médecin urgentiste, a insisté avec force sur la nécessité de la permanence et de la proximité des soins, soulignant que les passages aux urgences conduisent certains patients, notamment âgées à demeurer 24h sur un brancard ; il a eu ces mots très forts « On voit des gens mourir qui pourraient être soignés ! » Païs est un dispositif beaucoup moins couteux que les Urgences ; il rend celles-ci plus efficaces parce que moins encombrées par des pathologies qui relèvent de la médecine de ville. Le médecin souhaite que chaque territoire puisse être responsable des dispositifs de soins, en fonction de ses besoins. Le Dr Lorencki a appelé au bon sens : « Il faut mettre tout en œuvre pour sauver ce qui fonctionne et avoir le courage de supprimer le reste. » L'association Païs a procédé au renouvellement de son bureau; c'est le Dr Philippe Lorencki qui va en assumer la présidence.
Montoire propose son soutien financier à Païs
Devant l’urgence de la situation et les graves conséquences qui pourraient en résulter pour la population, Arnaud Tafilet a pris la parole rappelant tout d’abord que Montoire est une commune fortement endettée et que le problème de la santé se pose au niveau du territoire et non au niveau municipal. Néanmoins, conscient de ses responsabilités et afin de maintenir Païs, l’élu va proposer au conseil municipal de voter une subvention d’un montant équivalent à celle versée par la Communauté du Val de Cher Controis, soit 7 423 € par praticien et par an.
Cette décision a été chaleureusement saluée par le Dr Lorencki : « Le maire a pris ses responsabilités, à chacun d’en faire autant ! »
Sabine Campion
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