Vendôme : Vers un projet alimentaire territorial ?


Le Syndicat Mixte du Pays vendômois (SMPV), à travers le Projet Alimentaire Territorial (PAT) a pour objectifs de faire émerger une identité locale forte via une alimentation durable, de mettre en place un outil de développement local et de fédérer les acteurs et habitants du territoire. La Communauté d’Agglomération des Territoires Vendômois (CATV) avec le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) s’attache à réduire la consommation d’énergie, à développer les énergies renouvelables, à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer la qualité de l’air, et à adapter le territoires aux conséquences du dérèglement climatique.

Le Jeudi 10 juillet, le SMPV et la CATV ont organisé à Vendôme, un ciné-échange, animé par Perche Nature, sur le thème de l’alimentation,  autour du film de Benoit Bringer « Recettes pour un monde meilleur ». Claire Foucher-Maupetit, présidente du SMPV, a indiqué en quelques mots l’objectif de la soirée : créer un échange entre les porteurs de projets et les acteurs qui assument les réalités du terrain.

Le film part de ce postulat : la nécessité absolue de modifier les comportements alimentaires au niveau mondial pour limiter le réchauffement climatique. Si l’on ne change pas d’alimentation, l’on échouera à préserver la vie sur la planète. Sont ensuite relatées différentes expériences et réalisations menées en France, au Portugal, en Suède ou au Brésil.

Les précurseurs : Mouans-Sartoux,

Il est vrai que l’exemple de la petite commune  de Mouans Sartoux (11 000 habitants) dans les Alpes-Maritimes a de quoi nous faire rêver. C’est en 1998, suite à la crise de la vache folle, que les élus ont pris conscience du lien entre nourriture, santé et environnement et ont commencé à mener ce qui allait devenir une politique alimentaire territoriale. Ville active du Plan National Nutrition Santé en 2005, la commune décide en 2008, de s’orienter vers une cantine 100% bio, objectif atteint en 2012, sans surcoût, grâce à une lutte contre le gaspillage alimentaire. Dans la région, la pression foncière constitue une entrave à une extension d’une production agricole locale déjà limitée. Pour faire face au manque de produits bio locaux, en 2010, la municipalité crée une Régie municipale agricole et trois agriculteurs sont salariés par la ville pour produire des légumes pour les cantines ; le Plan Local d’Urbanisme a été modifié en 2012 pour tripler les surfaces cultivables ; la ville s’est ainsi saisie d’une compétence non obligatoire et a créé une Maison d’Education à l’Alimentation Durable, en 2016 : « Préserver les terres, aider à l’installation d’agriculteurs bio, construire des systèmes de distribution et de transformation locaux, sensibiliser les habitants aux impacts qu’a leur alimentation sur leur santé et l’environnement, permettre à chacun d’avoir accès à une alimentation durable, transmettre les outils et les clés de sa réussite, sont des enjeux que la commune tient à traiter à travers ce projet.. »

Au nécessaire maintien des surfaces cultivables dans les PLUI-h s’ajoute une sensibilisation permanente des différents acteurs que sont les producteurs et les consommateurs.

Lutter contre le gaspillage alimentaire

Ainsi, l’énorme gaspillage alimentaire au niveau de la planète qui représente 1/3 de la production alimentaire mondial, pourrait être sinon éradiqué tout au moins sensiblement réduit. Au niveau local, servir des portions correspondant au plus près à l’appétit des consommateurs, permet de faire des économies d’échelle qui compensent, en partie du moins, le surcoût engendré par une alimentation de qualité.

La diminution de la consommation de viande induirait une sobriété écologique aussi salutaire pour la planète que pour la santé des individus; l’association de céréales et de légumineuses est prônée pour parer à toute carence en acides aminés. Les régimes crétois et méditerranéen sont recommandés. Un chef étoilé comme Alain Ducasse fait évoluer son art dans cette direction.

Changer de modèle alimentaire permettrait également de lutter contre les inégalités sociales. Grand-Synthe, une ville du département du nord, d’un peu plus de 20 000 habitants où se retrouvent des populations venus des quatre coins de la planète, mène un projet d’alimentation durable et d’écologie populaire visant à rapprocher les cultures.

En France, la loi EGALIM de 2018 complétée en 2021, avait fixé des objectifs à la restauration collective : utiliser des productions plus durables et de qualité dont 20% provenant de la filière de l’agriculture écologique,  réduire le gaspillage alimentaire, diversifier les sources de protéines, servir des menus végétariens… Ces objectifs qui ne semblent pas pourtant particulièrement ambitieux, sont parfois difficiles à obtenir.

Lors de la discussion qui a suivi la projection du film,  Patrick Callu a rappelé la crise que connait actuellement l’agriculture bio ; les exploitations qui la pratiquent sont de plus en plus nombreuses à fermer. Il est indispensable de trouver des débouchés. Les agriculteurs présents dans la salle, ont confirmé la baisse de la consommation de produits bio depuis la crise du COVID. Béatrice Arruga, adjointe au maire de Vendôme en charge, entre autres, de la politique éducative et de l’alimentation, a fait observer que la prise en compte de toutes ces dispositions était nécessairement longue et complexe. 1 200 repas destinés aux écoles, aux EHPAD, aux repas livrés à domicile aux personnes vulnérables, sont préparés chaque jour dans la cuisine centrale. Il faut avoir une certitude quant aux approvisionnements  et lancer des appels d’offres puisqu’il s’agit de marchés publics. Nul doute que les multiples contraintes administratives ne facilitent guère la tâche et que dans ce domaine, comme dans bien d’autres, il serait indispensable de les alléger pour obtenir des résultats plus rapides.


Sabine Campion

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