Villedieu-le-Château  et ses caves


Sur les 369 caves qui auraient été recensées à Villedieu, certaines sont des cavités naturelles, d’autres sont dues à la main de l’homme qui en a extrait les matériaux nécessaires pour bâtir ses habitations. Pour comprendre leur importance au XIXe siècle, nous nous appuierons sur le travail d’un observateur attentif, notaire dans le village, qui écrivait en 1843 à leur propos : « l’indigent y trouve pour un très faible loyer une demeure convenable, pour s’y abriter avec sa famille et y passer les rigueurs de l’hiver… » Le narrateur ajoute que plusieurs artisans, tisserands, tonneliers, charrons, sabotiers… y installaient leurs ateliers, ce qui leur permettait de se protéger des intempéries dues au froid extrême comme à la chaleur. Pour les personnes riches, poursuivait le notaire, ces cavités offrent la possibilité d’être transformées en cuisine, en offices, en granges, en étables ou en caves à vin ; elles peuvent accueillir des pressoirs ou des fouloirs et d’une manière générale,  « les aisances » dont on ne souhaite pas s’encombrer dans une demeure. Le notaire tempère toutefois son enthousiasme en relevant que les caves, privées de soleil, étaient souvent humides et favorisaient donc des maladies pulmonaires ou des rhumatismes. Il ajoute également que ces caves étaient sujettes à des destructions complètes ou partielles par suite d’éboulements produits par des causes plus ou moins mystérieuses comme cela s’est passé à plusieurs reprises sous nos yeux : routes, rues, maisons et champs.

Il n’en reste pas moins qu’un certain nombre de ces caves ont servi d’habitat notamment à La Maison Rouge (entre Villedieu et Tréhet), à la Dindorière (entre Villedieu et Couture), au Pont Bodin ou encore aux Mollières.

Certaines des caves parmi les plus grandes, ont été utilisées pour la culture des champignons de Paris qui, après avoir connu de beaux jours au XXe siècle, a peu à peu disparu du fait de la concurrence de certains pays européens. Il faut noter, toutefois, que, très récemment, juste retour des choses, une champignonnière a retrouvé une seconde jeunesse à Villedieu en produisant, entre autres, des shiitakes ou lentins du chêne, connus dans les restaurants chinois sous le nom de champignons parfumés, particulièrement appréciés par les amateurs.

Au point de vue géologique, il faut  souligner que la « Craie de Villedieu » se présente comme la base de l’étage Sénonien en Touraine. Le Sénonien est l’un des derniers étages du Crétacé qui a marqué la fin de l’ère secondaire, il y a 65 à 80 millions d’années. A ce titre, la « Craie de Villedieu » s’est révélée particulièrement riche de fossiles et notamment en ammonites dont on trouve quelques spécimens impressionnants dans des caves casthéopolitaines. Sous la conduite d’un ancien du village, nous avions pu découvrir, dans celle lui appartenant, un fossile de 1,40m de diamètre.

Au XXIe siècle, les caves paraissent avoir retrouvé leur utilisation de naguère : donner asile à de bonnes bouteilles qui y vieilliront doucement. Il ne faut pas oublier que durant plusieurs décennies elles ont servi de lieux de rencontres festives entre parents et amis, ce qui donnait alors au village un caractère particulièrement convivial et joyeux.

Sabine Campion

avril 2017