Trôo : « AMETIST » un projet exceptionnel pour un site unique dans le Loir-et-Cher
Si le Loir-et-Cher est identifié dans le secteur du tourisme par ses prestigieux châteaux, par contre, et c’est bien dommage, on parle peu de la vallée du Loir et des trésors qu’elle recèle dont la valeur ne doit pas être minimisée. De Vendôme à Villedieu-le-Château en passant par Sasnières, Montoire, Lavardin, Trôo, Couture-sur-Loir, entre autres, c’est tout un pan d’Histoire qui s’offre à la curiosité de ceux qui recherchent l’authenticité. Des bénévoles passionnés s’attachent à faire vivre et découvrir ce patrimoine trop peu mis en valeur. Plusieurs associations, « Château de Vendôme », « Les Amis de Lavardin », « Au Cœur de Trôo », travaillent déjà ensemble et contribuent à la mise en lumière de la richesse patrimoniale de leur région. La Vallée du Loir ne doit pas être vue comme un appendice mineur à la Vallée de la Loire, mais bien comme une entité originale dont la découverte est essentielle.
Ouvrir au public les caforts de Lusignan
« Au cœur de Trôo », l’association née de la fusion, en 2023, des « Amis de Trôo » et de « Trôo Tourisme », porte un projet exceptionnel pour un site unique en Loir-et-Cher : Le sigle, « AMETIST » en résume l’objet : Aménagement à Trôo de Sites Insolites Touristiques. Il est vrai que la nouvelle association fait preuve d’un dynamisme et d’une créativité exceptionnels qui doivent permettre au village de s’inscrire dans une démarche touristique et patrimoniale de premier plan. « Trôo » est une étonnante petite cité bâtie sur un coteau de tuffeau, où s’étagent caves et habitations reliées entre elles par des escaliers, des chemins et des galeries souterraines
Le premier projet de l’association concerne la mise en valeur des « caforts » de Lusignan dont elle est propriétaire. Les caforts sont ces caves où les habitants se réfugiaient pour échapper aux envahisseurs. L’objectif est de rendre ce lieu accessible au public comme l’avait fait en son temps, l’Associations des Amis de Trôo. Celle-ci avait procédé, il y a une vingtaine d’années, à de sérieux travaux de confortement. Ainsi que nous l’ont expliqué Patrick et Jean-Luc Eclercy-Deterpigny, président et trésorier d’Au Cœur de Trôo, un géologue a été mandaté pour faire le point sur les mesures à prendre dans ce domaine. A partir du rapport géologique qu’il a remis, un architecte spécialisé a déterminé les mesures à prendre pour ouvrir au public, des devis sont en cours. Après la sécurisation viendra le temps de l’aménagement avec le choix des scénographies à réaliser dans un lieu dont l’espace et la configuration se prêtent à de multiples possibilités. Vraisemblablement, l’agencement sera évolutif en fonction des ressources dont disposera l’association. Les élus qui ont découvert le lieu, ont été enthousiasmés par son potentiel et sa singularité ; l’on y trouve un puits d’une profondeur de 10 mètres dont l’eau est d’une limpidité exceptionnelle ; deux ruisseaux y prennent leur source et débouchent sur des bassins quelques mètres plus loin. Dans ce dédale enchâssé dans la terre où l’on pénètre par une porte forte, se succèdent des salles de plus ou moins grande superficie dont l’aménagement sollicite l’imagination. Des scénographes contactés par l’association vont proposer plusieurs projets chiffrés.
La cave des Amis de Trôo
« Au Cœur de Trôo » est également propriétaire d’une vaste cave dans laquelle « Les Amis de Trôo » avait créé un écomusée ainsi qu’un musée dédié aux « Enfants cachés de Trôo ». Cette très belle page de l’histoire du village est relatée dans un texte émanant du Comité français pour Yad Vashem ; une trentaine d’enfants juifs, promis à la déportation par les lois de l’époque, ont été cachés par la population ; de 1942 à 1944, ils ont suivi une scolarité normale au sein des écoles du village. Il est particulièrement important de conserver la mémoire d’un tel évènement ; c’est pourquoi Patrick Eclercy-Deterpigny a pris contact avec Serge Klarsfeld pour que le musée soit non seulement maintenu mais aussi enrichi afin que nul n’oublie.
La cave abritera également deux expositions permanentes dédiées l’une au monde souterrain, l’autre à la vie de l’homme en son sein. Des expositions et des ateliers d’artistes y sont également envisagés.
L’ouverture de la cave devrait pouvoir se faire pour la saison 2025 et celle des caforts, l’année suivante.
C’est donc un projet structurant et particulièrement important pour le tourisme en Loir-et-Cher qui est porté par l’association troïenne, dans un village dont la configuration du site est unique dans la région
Sabine Campion
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