Montoire : un montoirien célèbre, Jean-François Piron, compagnon du Devoir et chansonnier
Nombreux sont ceux qui connaissent à Montoire, le restaurant « Le Piron ». En revanche, peu savent que ce nom vient d’un habitant de la ville qui eut son heure de célébrité et y naquit en 1796, Jean-François Piron. Après de brillantes études secondaires, le jeune homme était destiné à entrer au grand séminaire. Passionné par le travail manuel, notamment celui du cuir, il préféra apprendre le métier de blancher-chamoiseur et rejoindre les Compagnons du Tour de France. Comme les tanneurs, les blanchers-chamoiseurs exercent leur activité dans le cuir, notamment le plus fin, issu de petites peaux de mouton ou de chèvre, destiné à fabriquer des gants, des doublures ou des culottes. Ils travaillent le cuir avec un mélange d’alun, de sel, de farine, et parfois de jaune d’œuf et d’huile de poisson. A l’issue de leur traitement, les peaux deviennent blanches, ce qui explique le nom de « blancher ».
Devenu Compagnon du Devoir, Jean-François Piron prit le nom de « Vendôme-la-Clef-des-Cœurs » et travailla avec son ami, Agricol Perdiguier, dit « Avignonnais la Vertu », né à Morières-les-Avignon en 1805, qui s’attacha à développer la solidarité du compagnonnage et fut député de 1848 à 1851. Perdiguier, proscrit par Louis-Napoléon, devenu Napoléon III, le 2 décembre 1852, est l’auteur d’un « Livre du compagnonnage » et des « Mémoires d’un Compagnon » parus en 1839 et 1855. Jean-François Piron s’est également fait connaitre comme chansonnier. Il fut choisi par Olinde Rodrigues (1795-1851) un mathématicien, financier et économiste, adepte du Saint-Simonisme, pour représenter la poésie compagnonnique dans les poésies sociales des ouvriers. Piron, qui fut surnommé « Le Béranger du compagnonnage », écrivit plus de 80 chansons, rassemblées dans un recueil « Le chansonnier du Tour de France », paru en 1840, réédité en 1846 et 1879.
Voilà donc un Montoirien trop peu connu mais qui a laissé une empreinte indélébile dans le compagnonnage. L’une de ses chansons n’appartenait-elle pas au répertoire du célèbre chanteur Mouloudji (1922-1994).
Jean-François Piron, alias « Vendôme-la-Clef-des-Cœurs » était loin d’imaginer que le métier qu’il avait choisi, serait représenté dans le Vendômois, deux siècles plus tard, par une entreprise emblématique de la maroquinerie de luxe, Louis Vuitton et qu’une formation aux métiers du cuir verrait le jour en 2022, au lycée Ampère de Vendôme.
Sabine Campion
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