Nous avons pu nous entretenir avec Christophe Marion, de deux sujets qui inquiètent particulièrement les habitants du Vendômois comme beaucoup d’autres Français : la désertification médicale et les fermetures de classe.
La désertification médicale
Le « numerus clausus » qui limite le nombre d’étudiants en médecine , a été supprimé en 2019 mais les effets de cette décision, compte tenu de la durée des études médicales, ne se feront sentir qu’à partir de 2030. En attendant, il faut faire face à la pénurie qui s’aggrave avec le départ en retraite chaque année, de professionnels de santé. Christophe Marion, député Renaissance, est membre d’un groupe parlementaire transpartisan qui recherche des solutions à ce problème afin de répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Dans un premier temps, l’objectif est de permettre aux praticiens de consacrer le plus de temps possible aux tâches qui constitue le cœur de leur métier ; parmi les premières mesures adoptées figure la délégation de tâches jusqu’alors dévolues aux seuls médecins, à des infirmiers, des pharmaciens ou à des professionnels du secteur paramédical. La mise en place d’ assistants médicaux doit être développée. Ceux-ci sont chargés de soulager les médecins du lourd travail administratif qui mobilise une partie de leur énergie pour leur permettre de consacrer un maximum de temps à leur patientèle.
Par ailleurs, dans le Loir-et-Cher, le Conseil départemental expérimente et finance un dispositif de téléconsultations assistées. Cet échange a lieu en vidéo entre le médecin et son patient qui est assisté durant toute l’opération, par un infirmier ; ce dernier répond aux demandes formulées par le médecin avec l’aide de matériels techniques tels que le tensiomètre, le saturomètre le thermomètre, etc.) ainsi qu’avec un stéthoscope connecté. Cette formule, proche d’une consultation médicale en cabinet, semble recueillir une forte adhésion des patients.
Christophe Marion, pour sa part, est convaincu que seule la régulation des installations des nouveaux médecins permettra de franchir dans des conditions acceptables, l’obstacle de la désertification médicale dans les prochaines années. Bien qu’il fasse partie d’un groupe politique opposé à celle-ci, le député défend sa thèse avec vigueur et courage, car, dit-il « il s’agit d’un dispositif d’intérêt général pour la population. » Ce système, déjà appliqué à certains professionnels de santé, permet de limiter les installations des praticiens dans les zones déjà très bien desservies comme le sud de la France ou la côte atlantique pour les diriger vers les plus sous-dotées, au moins durant un laps de temps donné.
Le parlementaire souligne que la République a fait beaucoup et qu’en retour, les jeunes gens qui débutent leur carrière, doivent se sentir engagés auprès de la collectivité et être en mesure de consentir un effort pour répondre aux exigences primordiales de la population. Le pays a vécu des années de facilité, il vient un moment où « chacun doit se retrousser les manches » pour apporter sa contribution afin que les générations futures bénéficient des mêmes chances.
Rétablissement de l’autorité à l’école
Christophe Marion nous a rappelé que depuis deux ans, il assume les fonctions de rapporteur du budget de l’éducation nationale. Celui-ci a connu durant cette période, une croissance inédite de 13,6%. L’objectif est de mieux rémunérer les enseignants dont le niveau des salaires n’a cessé de se dégrader depuis une quarantaine d’années. A titre d’exemple, le député indique qu’en 1980, le salaire d’un enseignant atteignait 2,3 fois le SMIC ; il est tombé, en 2023, à 1,2 fois. Le métier a d’autant plus perdu de son attrait que ses conditions d’exercice deviennent de plus en plus difficiles. L’objectif est donc d’augmenter les rémunérations pour susciter, à nouveau des vocations. Il faut aussi restaurer l’autorité et la notion de valeurs républicaines qui sont le ciment du « bien-vivre ensemble ». L’autorité de l’enseignant comme celle des parents, est indispensable pour que les jeunes bénéficient de leur scolarité. Il va de soi qu’il appartient aux parents d’inculquer cette notion à leurs enfants dès leur plus jeune âge.
En ce qui concerne les fermetures de classe, le député souligne que la chute démographique globale dans le pays, est à l’origine de ces décisions. Compte-tenu des problèmes de mobilité, elles paraissent encore plus douloureuses dans les zones rurales même si le nombre d’élèves nécessaire au maintien d’une classe, est plus faible qu’en ville. La stagnation de la natalité contraint à la prise décisions qui impactent durement la population. Toutefois, Christophe Marion rappelle qu’une école ne peut être fermée sans l’accord du maire de la commune. Par ailleurs, il estime, à juste titre, que dans certaines écoles, les classes doivent être préservées en raison de circonstances particulières ; Naveil constitue, à cet égard, un exemple par le caractère inclusif de son école qui reçoit de jeunes autistes. Il est donc logique qu’il n’y ait pas de fermeture pour tenir compte des difficultés assumées et pour maintenir l’accueil au même niveau de qualité. Il doit donc y avoir des exceptions à la règle pour lesquelles Christophe Marion souligne qu’il faut se battre.
Sabine Campion
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