Montoire : Alexandra Chauchereau expose à la Médiathèque « Nef Europa »
Alexandra Chauchereau, peintre et plasticienne, partage sa vie entre le village des Essarts situé non loin du manoir de la Possonnière, et la région parisienne. Elle a trouvé sa source d’inspiration dans ses archives familiales et son œuvre se nourrit de cette mémoire qu’elle questionne et sublime à la recherche de ce qui constitue l’identité.
L’artiste est présente dans de nombreuses manifestations à Paris et dans toute la France. Nous l’avions rencontrée, l’an passé, à Sougé où elle exposait dans le cadre de la Saison culturelle. En 2024, la Médiathèque « Nef Europa » offre un espace et un volume qui lui permettent de dévoiler les multiples facettes de son talent. A l’entrée de l’exposition, les visiteurs découvrent la petite valise retrouvée dans le grenier de la maison de sa grand-mère contenant le carnet où son grand-père, Abel, avait consigné le témoignage de son vécu sur le Front durant la Guerre de 14-18. Cet objet du passé a fait naitre chez Alexandra le désir de se rendre sur les lieux où son aïeul avait vécu de douloureux moments. Sur ses toiles où les personnages apparaissent en gris, elle mêle, grâce à une technique appropriée, son écriture à celle de son grand-père, matérialisant, en dépit du temps écoulé, ce fil invisible qui nous relie à l’héritage de nos ancêtres. Les personnages en noir et blanc, ombres quasi irréelles, se détachent sur le fond de la toile aux couleurs flamboyantes et explosives, symboles de la vie qui se poursuit. Une époque, un espace temps est perçu de manière différente par celui qui l’a vécu et par celui qui en est le témoin indirect ; cependant il existe entre eux, un lien ténu qui perdure dans le temps et les relie l’un à l’autre.
Ce cheminement entre le passé et le présent marque profondément les œuvres d’Alexandra Chauchereau. Ainsi, après avoir brisé une assiette décorée de délicats motifs, elle utilise la technique du Kintsugi pour en assembler morceaux et mettre en valeur le socle d’une statuette dont elle achève la création. Le Kintsugi est une technique japonaise qui permet de restaurer un objet en utilisant de la laque saupoudrée de poudre d’or. L’objet reconstitué acquiert un éclat nouveau né de la mise en valeur de ses fêlures. Ainsi en va-t-il chez l’être humain lorsque confronté à des difficultés, la résilience lui apporte une force nouvelle.
Un proverbe chinois bien connu, nous rappelle qu’ « oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines. » Dans une société devenue trop matérialiste, le travail d’Alexandra nous impose une réflexion sur nous-mêmes et peut-être aussi sur la trace que nous laisserons à nos descendants, fil imperceptible qui perdure dans le temps.
« Mémoires d’archives », exposition à la médiathèque « Nef Europa » à Montoire du 26 octobre au 30 novembre. Samedi 9 novembre à 10h30 visite guidée en présence de l’artiste. Vendredi 15 novembre de 15 h à 17h Atelier pour adultes.
Alexandra propose des stages de peinture (initiation et perfectionnement) dans son atelier des Essarts. Contact 06 26 97 43 22.
Sabine Campion
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