Montoire : un témoignage sur les charbonniers de la forêt de Gâtines
Nous avions pu rencontrer, il y a quelques années, l’un des anciens maires de Montrouveau qui, succédant à son père, et exerçant le métier de charbonnier, comme ses frères, au début des années 50, en avait retrouvé les gestes, vers 1980, pour effectuer des démonstrations appréciées, à l’occasion de diverses manifestations dans le voisinage : il lui fallait « montrer aux gens ce qu’était ce travail », comme l’a rapporté la presse de l’époque.
Les charbonniers avaient conservé l’habitude de se déplacer avec leur lieu de travail et de construire, à proximité, des « loges » ou « huttes » temporaires, avec des branchages recouverts de tuiles en terre séchée, les « plisses ». C’est d’ailleurs dans une de ces huttes, au milieu des bois, près de l’étang de Buré, entre Marcé et les Hermittes, que notre homme avait vu le jour en 1922.
Exerçant leur métier à la belle saison, les charbonniers se faisaient bûcherons en hiver.
Leur principal client ou employeur était une maison de Montoire qui achetait des coupes de bois sur pied, l’intervalle entre deux coupes étant de vingt ans. Les écorces qui convenaient aux tanneries étaient livrées à Château-Renault. Quant au bois de petit diamètre ( 6cm), il était tronçonné en « charbonnettes », bûchettes, toutes à la longueur de 0,84m. Rappelons, car il serait facile de l’oublier, que l’ouvrage se faisait à la main, avec cognée, hache, serpe, scie.
Les bûchettes étaient entassées sur trois rangs de hauteur autour d’un piquet que l’on enlevait pour mettre le feu à la meule avec des braises. Il fallait de 12 à 14 stères de bois, soit environ 9 m3, pour confectionner une meule, chaque stère produisant environ 65 kg de charbon. Les essences les plus recherchées étaient le chêne, le charme et le frêne.
La grosse meule était recouverte de vieux foin mouillé qui fixait la terre tassée par-dessus et qui, si possible, provenait d’une ancienne charbonnière, ce qui lui conférait des qualités particulières ; l’emplacement était d’ailleurs souvent réutilisé, ce qui explique la persistance des traces sur le sol.
Après la mise à feu de la cheminée ou « fourneau », la « cuisson » du bois devait se faire sans flamme, à plus de 400°, durant 36 heures, au long desquelles il fallait exercer une surveillance constante, ce qui nécessitait de se lever toutes les trois ou quatre heures en pleine nuit.
Le temps de refroidissement était assez long ; après destruction de la meule, le charbon récupéré était ensaché et transporté à Montoire dans une charrette à cheval. Le charbonnier était d’abord rémunéré sur la base du stère de bois brûlé, ce mode de calcul ayant été remplacé par un autre, le sac de charbon, sans doute plus avantageux pour le donneur d’ouvrage.
Le temps de refroidissement était assez long ; après destruction de la meule, le charbon récupéré était ensaché et transporté à Montoire dans une charrette à cheval. Le charbonnier était d’abord rémunéré sur la base du stère de bois brûlé, ce mode de calcul ayant été remplacé par un autre, le sac de charbon, sans doute plus avantageux pour le donneur d’ouvrage.
Xavier Campion 2020
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