Vallée de Ronsard : un évènement majeur, l’exposition « Ronsard : 1524, Route des Amériques »
Jusqu’à la fin du mois de septembre, la Maison Natale de Pierre de Ronsard abritera l’exposition de Frédéric Lère : « Ronsard : 1524, Route des Amériques ». Ce projet majeur commencé en 2020, a offert à l’artiste l’occasion de proposer une approche nouvelle du poète et de son époque. Pour réaliser ce travail titanesque composé de toiles grand format, de dessins, d’aquarelles, de créations en 3D, Frédéric Lère a effectué de nombreuses recherches documentaires qui lui ont permis de mettre en valeur dans ses œuvres, non seulement les bouleversements qui ont marqué le temps de la Renaissance mais également la manière dont ceux qui les ont vécus, les ont appréhendés. L’invention de l’imprimerie, au milieu du XVe siècle, a permis aux érudits de connaitre les récits des grands capitaines qui parcouraient la terre. Dans cette période charnière où les découvertes majeures se sont multipliées, Frédéric Lère nous montre Ronsard, témoin d’un temps où les acquis sont bouleversés par la découverte de terres inconnues, ce qui remettait en question toutes les certitudes des contemporains. Ronsard qui a vécu à la Cour, a fréquenté André Thévet, cosmographe du roi, parti comme aumônier de l’expédition entreprise par Villegagnon dans la région du Brésil actuel ; Thévet avait consigné ses observations sur ce nouveau monde, dans un ouvrage, « Les singularités de la France antarctique. » Le poète s’était emparé du sujet et avait célébré dans son « Discours contre fortune » (1560) le bonheur des habitants de ces terres, hommes libres entretenant encore une harmonie avec la nature et vivant ainsi un âge d’or bien loin des tourments et des guerres qui agitaient les sociétés de l’époque.
« Vivez, heureuse gent, sans peine et sans souci,
« Vivez joyeusement ; je voudrais vivre ainsi ! »
Hélas, les goélettes qui ont traversé les océans, ont apporté dans leurs flancs, les germes qui gangrénaient les sociétés européennes : l’envie, l’égoïsme, la jalousie, la brutalité, le goût du pouvoir et de l’argent…
A travers ses toiles, toujours émaillées d’anachronismes plus ou moins perceptibles, Frédéric Lère, nous renvoie du passé au présent, et déroule, une véritable fresque de la découverte du monde nouveau, de ses habitants, de sa riche végétation et des transformations progressives qui se sont opérées à la faveur des échanges qui se sont multipliés. Le passé et le présent se croisent et s’entrecroisent. Lère nous propose de le suivre au cœur d’une épopée qui se poursuit de siècle en siècle.
L’exposition au manoir de la Possonnière a été inaugurée le 30 mai, par Claire Granger et Philippe Mercier, vice-présidents de la Communauté des Territoires vendômois. Elle constitue un travail majeur dans la mise en valeur de l’identité du Vendômois. Sa pérennisation dans l’un de ses sites les plus emblématiques, constituerait une avancée notable dans la mise en place d’une identification propre à un territoire riche d’un passé prestigieux et résolument ouvert vers l’avenir.
Sabine Campion
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